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Paris - 25 septembre 1875

25 septembre 1875 La route est étroite, nous devons donc être prudents. Tu sais comment d’autres ont fini par aboutir là où nous nous proposons d’arriver ; empruntons nous aussi le chemin de la simplicité. Ora et labora . Consacrons toutes nos forces à l’accomplissement de notre tâche quotidienne, celle qui s’offre à nos mains, et croyons que Dieu fera don à ceux qui le lui demandent de ce qu’on ne pourra jamais leur enlever. Si donc quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature; les choses vieilles sont passées, voici, toutes choses sont devenues nouvelles. 11 Cor., V, 18 1 . Je vais me défaire de tous mes livres de Michelet, etc., etc. Fais-en autant. 1 - En français dans le texte

Paris - 17 septembre 1875

17 septembre 1875 Du sentiment, même du sentiment raffiné pour les beautés de la nature, ce n’est pas la même chose que le sentiment religieux, bien que je croie qu’il existe un lien entre les deux Presque tout le monde a du sentiment pour la nature, l’un dans une plus grande et l’autre dans une plus petite mesure, mais il y en a peu qui sentent que Dieu est lui esprit ; or, ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et en vérité. Nos parents sont de ce petit nombre, et l’oncle Vincent aussi, je crois. Tu sais qu’il est écrit : Le monde passe avec toutes ses magnificences, mais qu’on parle en revanche « d’une patrie qui ne sera pas ôtée », « d’une source d’eau vivante qui jaillit jusqu’à la vie éternelle ». Nous aussi, nous devons prier afin de devenir riches en Dieu. Cependant, ne médite pas trop ces choses qui s’imposeront toutes seules de plus en plus clairement à ton esprit, mais fais ce que je t’ai conseillé de faire. Demandons que notre de

Paris - 12 Septembre 1875

12 Septembre 1875 « Des ailes pour planer au-dessus de la vie ! » « Des ailes pour planer au-dessus de la tombe et de la mort ! » Voilà ce dont nous avons besoin, et je commence à comprendre qu’il y a moyen d’en gagner. Par exemple, est-ce que père n’en aurait pas ? Tu sais comment il les a gagnées ? Par la prière et les fruits de la prière — la patience et la foi — et par la Bible qui fut une lumière sur son chemin et une lampe devant ses pieds. J’ai entendu ce matin un beau prêche sur le thème : Oubliez ce qui est derrière vous 1 ; le prédicateur disait p. e. : Ayez plus d’espérance que de souvenirs; ce qu’il y a eu de sérieux et de béni dans votre vie passée n’est pas perdu ; ne vous en occupez donc plus, vous le retrouverez ailleurs, mais avancez. — Toutes ces choses sont devenues nouvelles en Jésus-Christ 1 . ........................................... S’il était vrai que la jeunesse et l’adolescence ne sont que vanité 1 — bien entendu, si l’on

Paris - 1er Septembre 1875

1er Septembre 1875 Une lettre de père m’a appris ce matin la mort de l’oncle Jan. Une nouvelle de ce genre nous incite à répéter : Seigneur, attachez-nous les uns intimement aux autres, et que notre amour pour Vous rende ce lien de plus en plus solide, et encore : Crains Dieu et garde ses commandements, car c'est là le tout de l'homme 1 . 1 - En français dans le texte

Paris - 15 juillet 1875

15 juillet 1875 L’oncle Vincent est passe par ici, je l’ai vu plusieurs fois et je lui ai parlé d’un tas de choses. Je lui ai demandé s’il ne voyait pas le moyen de te placer à la succursale de Paris. Au début, il s’est récrié, disant qu’il valait beaucoup mieux que tu restes à La Haye. Toutefois, j’ai insisté et tu peux être certain qu’il y réfléchira. Il viendra certainement te voir lorsqu’il passera par La Haye; il ne faut pas te départir de ton calme, laisse-le dire tout ce qu’il lui plaît, cela ne te fera aucun mal et il se pourrait que tu aies besoin de lui plus tard. Ne parle pas de moi sans nécessité. ...................... Demande-Iui carrément qu’il s’arrange pour que tu puisses venir ici ou à Londres. Je le remercie de ta lettre de ce matin et du poème de Rückert. As-tu ses poèmes ? J’aimerais les connaître. A l’occasion, je t’enverrai une Bible en français et l' Imitation de Jésus-Christ . ...................... Père m’a écrit un jour :

Paris - 6 Juillet 1875

6 juillet 1875 Tu dois m’écrire où tu en es avec ton anglais, l’étu dies-tu encore ? S’il n’en était pas ainsi, ce ne serait pas un grand mal. juillet J’ai loué une petite chambre à Montmartre qui te plairait beaucoup. Elle est exiguë, mais la fenêtre donne sur un jardinet envahi par le lierre et la vigne vierge. Porte-toi bien, mon vieux! Et sache qu’il faut faire preuve d’indulgence et de mansuétude dans toute la mesure du possible!

Le métier à tisser

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Tisserand avec une navette - Janvier  Mars1884  Le Tisserand - 1884 Van Gogh manifeste de l'intérêt pour les tisserands dès 1880, lors de son séjour dans le Borinage. Dans une lettre adressée à son frère, de Cuesmes, le 24 septembre, il écrit qu'il apprécie beaucoup cette « race à part » et, en 1882, après avoir reçu une lettre de Nuenen de sa sœur Wilhelmine, avec une description du lieu, il écrit de La Haye à Théo : « Je lui ai demandé des renseignements sur les tisserands, qui m'intéressent particulièrement. J'en ai vu autrefois dans le Pas-de-Calais, et ce spectacle m'a indiciblement charmé. En attendant, je n'ai pas de tisserands à peindre, mais je me plais à croire que j'en aurai un jour l'occasion. » Le sujet avait une dimension poétique que Vincent avait trouvé dans le deuxième chapitre (Servitudes de l'ouvrier dépendant des machines) de la première partie de « Le peuple » de Jules Michelet. D'après l'historien frança