Les débuts

1880-1885 Les débuts

Il réinvestit alors toute son énergie dans le dessin, cherchant à travers portraits, paysages et natures mortes la vérité sur l'homme et sur sa condition désespérante.

Ces dans ces 5 années qu'il commence son apprentissage d'artiste avec confiance, aidé financièrement et moralement par son frère Théo (1857-1891), avec lequel il entretiendra une correspondance exceptionnelle tant par son abondance que par ce qu'elle révèle sur sa sensibilité, ses pensées, son existence et sa manière de travailler.

Outre l'étude de recueils, de gravures et d'ouvrages techniques, il copie des œuvres de Millet et en reprend sans cesse les thèmes (le semeur), s'initie à l'art des maîtres flamands et hollandais et aux
lois de la perspective, dessine d'après nature (chez ses parents, à Etten, en 1881) des paysages, des instruments agricoles, des ateliers d'artisans et des portraits.

Mais cette ardeur au travail est fonction d'une détresse grandissante : après un cruel échec sentimental avec sa cousine Kee, une violente altercation avec son père (Noël 1881) et son départ pour La Haye (où un parent, le peintre Anton Mauve [1838-1888], l'initie à la peinture à l'huile), il connaît une liaison avec une prostituée, incarnation à ses yeux du déclassement qui correspond à sa propre volonté de rupture ; passée la période d'enthousiasme, l'aventure s'achève en 1883 dans la solitude, au cœur de la région sauvage de la Drenthe, puis, à l'approche de l'hiver, chez ses parents à Nuenen.

Là, il reprend ses lectures, Zola particulièrement, et son travail, dans des figures de paysans, des séries de scènes avec personnages (tisserands penchés dans la pénombre sur leur métier) et des natures mortes.

Par les thèmes, la composition, le goût des détails et aussi celui des volumes définis par des éclairages brutaux, il retrouve l'héritage du réalisme hollandais (les Mangeurs de pommes de terre, 1885, musée national Vincent Van Gogh, Amsterdam).

Mais bientôt, sous l'influence de Rembrandt et de Hals, de Delacroix, de Chardin (qu'il rapproche de Vermeer) et surtout de Rubens (découvert à Anvers en 1885), le problème de la couleur devient primordial pour le jeune homme : il éclaircit sa palette, assouplit sa facture et, dans le même temps, privilégie le portrait.

Cependant, c'est à Paris qu'il peut trouver, outre la présence fraternelle de Théo, qui le rassure, un climat d'effervescence artistique qui le stimulera de façon décisive.

Il y arrive, déjà dégagé des contraintes de l'apprentissage, au début de 1886.

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