Paris, séjour des découvertes

1886-1887 Paris

C'est à ce moment là que l'on publie les Illuminations de Rimbaud et l'Œuvre de Zola et que les impressionnistes réunissent en 1886 leur dernière exposition (la Grande Jatte de Seurat y voisine avec des toiles de Signac, Pissarro, Redon, Degas, Gauguin, Guillaumin)

L'année suivante, l'œuvre de Millet est l'objet d'une rétrospective.

C'est aussi le temps des rencontres et des amitiés fructueuses : à l'atelier de Fernand Cormon (1845-1924), où il travaille d'après les modèles vivants et les plâtres, Vincent se lie avec Toulouse-Lautrec, Louis Anquetin (1861-1932) et Émile Bernard (1868-1941).

Avec Pissarro, il s'initie aux nouvelles idées sur la lumière et au traitement divisionniste de la couleur.

Par Théo, il fait connaissance de Gauguin, tandis que par le père Tanguy, dont la boutique de couleurs recèle aussi des œuvres comme celles de Cézanne, il se lie avec Signac.

Dans cette ambiance créatrice, les bouquets de fleurs inspirés d'Adolphe Monticelli (1824-1886) succèdent bientôt aux études académiques, et les paysages passent des bruns compacts et des gris vaporeux aux couleurs pures. Dans les vues de Montmartre, si caractéristiques avec les venelles en pente, les réverbères et les moulins à vent, la vibration lumineuse acquise de l'impressionnisme vient enrichir la sensibilité graphique propre à Vincent (Montmartre, Stedelijk Museum, Amsterdam).

Avec la technique divisionniste, il cherche sa propre approche de la couleur (Intérieur de restaurant, 1887, musée Kröller-Müller, Otterlo), en même temps qu'il va chercher dans la banlieue parisienne et près des berges de la Seine les mêmes motifs que Signac et Émile Bernard.

Néanmoins, il abandonne peu à peu la fragmentation impressionniste et tend à simplifier la forme et la couleur pour mieux se concentrer sur l'unité structurelle de la surface et maintenir la caractérisation expressive des objets (Nature morte avec statuette en plâtre, Otterlo).

Dans ce cheminement vers un style réellement personnel, l'influence de l'estampe japonaise, tant admirée et copiée par Vincent, marque une étape importante. On en retrouve la présence dans le portrait du Père Tanguy (1887, musée Rodin, Paris), dont le fond est entièrement tapissé de ces estampes. Le portrait, genre de prédilection dans la démarche de Van Gogh, trouve sa signification profonde dans ses nombreux autoportraits, à la fois analyses de lui-même et bilans de son art (musée national Vincent Van Gogh).

Dans ce séjour parisien, fondé sur la fraternité sans heurt de Vincent et de Théo, le mariage prochain de Théo vient jeter une ombre d'ambiguïté. Vincent préfère quitter Paris, trouvant une raison dans l'attrait qu'exerce sur lui la Provence, déjà rêvée à travers les toiles de Monticelli et de Cézanne, les œuvres de Zola et d'Alphonse Daudet.

Il s'installe à Arles en février 1888.

Commentaires